samedi 20 juin 2015

entretien de Feu Idriss ouchagour avec feu Aziz Chamkh Izenzarn
L’artiste Aziz Chamekh, co-fondateur de la troupe Izenzaren : “Je suis optimiste quant à l’avenir de la chanson amazighe”



L’artiste Aziz Chamekh, co-fondateur de la troupe Izenzaren : “Je suis optimiste quant à l’avenir de la chanson amazighe”
Suite à une
traversée du désert de plusieurs décennies,
le chanteur
amazigh Aziz Chamekh, figure de proue à côté d’Iggout Abdelhadi, de la mythique troupe d’Izenzaren, revient finalement sur scène.
Il a donné une première
prestation au Timitar d’Agadir qui lui a rendu un grand hommage avant d’être
invité
à se produire
au Festival Tifawine à Tafraout où un large public de jeunes est venu l’acclamer. Entretien.

Libé : C’est la première fois que vous vous produisez au Festival Tifawine de Tafraout. Quelle est votre impression?

Aziz Chamekh : Ce qui m’a particulièrement impressionné lors de cette manifestation, c’est d’abord la grande discipline dont le public de Tifawine a fait preuve. C’est étonnant de voir des milliers de spectateurs, sereins et tranquilles, sans heurt ni accrochage tout au long de la soirée. C’est extraordinaire! Cela montre que tout ce beau monde est là pour apprécier et écouter la musique. Il faut signaler aussi que le festival, depuis sa création jusqu’à aujourd’hui, a pris sa vitesse de croisière. Il s’est trouvé une identité claire lui permettant de travailler désormais sur une thématique bien précise. Celle de la ruralité. Un logo qui lui sied à merveille; vu le contexte où se déroulent ses festivités et les richesses culturelles et humaines que recèlent ces espaces. Le projet du festival est la formule idéale pour les ressortir de l’oubli et les explorer.

Le public tafraouti compte beaucoup de fans d’Izenzaren. Comment a-t-il réagi à votre prestation?

Je dois avouer que j’étais tellement ébahi lors de mon spectacle: je ne m’attendais pas à voir une si grande complicité s’installer d’emblée entre la scène et les milliers de spectateurs. Nous avons visité notre répertoire avec ses plus vieux tubes supposés ignorés par les générations actuelles; mais je vous confirme que tout le public reprenait nos chansons de bout à bout : Les jeunes, les moins jeunes et bien sûr ceux qui ont vécu l’âge d’or et l’apogée de la troupe d’Izenzaren et qui étaient venus nombreux assister à notre spectacle. Bref, il faut dire que tout le monde a été servi ce soir-là.

Voulez-vous nous parler brièvement des débuts d’Izenzaren?

Je veux souligner que la troupe mère qui a donné naissance à ce qui est devenu par la suite Izenzaren, c’est le groupe musical dit à l’époque «Tabraynouste», qui signifie en berbère l’araignée. Cette dernière comprenait plusieurs membres qui fondront le groupe Izenzaren unissant Aziz Chamekh et Iggout Abdelhadi. C’est au quartier périphérique d’Agadir, Dchira, qu’elle a vu le jour. Puis, nous avons tous évolué dans ce cadre, plusieurs années durant. Ce qui nous a permis de nous affirmer et de faire valoir notre savoir-faire. Surtout que nous avons pu nous distinguer par notre style musical, actuellement appelé Tazenzart, caractérisé par ses propres rythmes et mélodies, joués avec banjo et tam-tam. En plus d’une thématique qui traite de la quotidienneté des populations berbères. Dès lors, nous avons décidé de créer une autre troupe regroupant les meilleurs instrumentalistes de Tabraynouste et d’investir le champ musical officiellement. Tous les membres étaient d’accord sur la nécessité de changer d’appellation de notre troupe. Et c’est par pur hasard qu’un de nos collègues lança, lors d’une discussion sur ce sujet, Ize…nza…ren!!!. «Pourquoi pas ?» répondirent les autres. Et c’est le nom que portera depuis notre groupe.

Quelles sont les véritables causes de la scission de la troupe Izenzaren Iggout et Izenzaren Chamkh?

Permettez-moi que je vous corrige cela; il ne s’agit jamais d’une quelconque scission entre nous deux! .Je suis sûr que si vous avez demandé à Iggout de vous expliquer la cause de cette séparation, il vous dira : je n’en sais rien! En effet, quelques années après la création d’Izenzaren, il s’est avéré, tout simplement, que tout est bloqué au sein de la troupe! Plus rien ne peut avancer! Sans qu’il y ait le moindre malentendu entre nous deux! Mais, il s’est avéré que pour surmonter cette situation, il a fallu que chacun choisisse son propre chemin. C’est ce qui s’est passé, effectivement. Et amicalement. En fait, à l’époque, le champ musical berbère marqué par les Rouaîss était en quelque sorte figé et resté en «jachère» tant il manquait réellement d’un renouveau. Autrement dit, il avait besoin de plusieurs troupes Izenzaren pour faire épanouir ce nouveau genre qui commençait à peine à se frayer le chemin. Et la création d’Izenzaren Chamkh qui tombait donc à pic est intervenue tout simplement dans le contexte de cette logique.

D’où vous inspirez-vous pour écrire les paroles de vos chansons ?

Nous chantons les paroles des grands poètes berbères, des professeurs et chercheurs en Tamazight, connus de notre époque. A titre indicatif, Hanafi Mohamed, Abderrahim Agwad …qui ont écrit les paroles des meilleurs tubes d’Imi Hnna, Wad Itmoudoun, Tikhira…et bien d’autres qui ont fait la renommée d’Izanzaren. Il faut signaler au passage qu’il est malheureux que ces grands Imdiazens dont il faut «glorifier» l’œuvre accomplie, soient restés encore dans un inique anonymat total. Le groupe Izenzaren chante des textes engagés et caustiques qui touchent profondément et traduisent les blessures sociales. C’est pour cela que ces artistes ont acquis une grande notoriété auprès des auditeurs et fans de l’époque. Le besoin d’une voix écoutée, contestataire de l’ordre établi, où l’injustice prévalait, était impérieux. Nous pouvons citer dans ce registre des chansons telles Taghoyyit, Izm Amdlous, Lhak Iga Aboukad,Makh Ayatbib…etc.

Vous êtes le premier à avoir chanté Azaâri, Anchad et Hadj Belaîd avec des instruments modernes. Que représentent pour vous ces artistes?

Une source précieuse d’inspiration. Ce sont les pères légitimes et incontestables de la chanson berbère traditionnelle. Leur legs est un trésor inestimable. Sans sa reprise et l’interprétation avec des instruments de notre époque, cet héritage ne serait pas connu de nos générations. Les jeunes d’aujourd’hui n’apprécieront jamais les œuvres de ces Rwaîs dans leur version traditionnelle. Les remakes de ces productions ont permis de dévoiler leurs valeurs esthétique et artistique. Elles sont d’un grand apport, quant à leur survivance et pérennité, aujourd’hui. Je me rappelle encore que mon premier album du genre est consacré à feu Lhaj Belaîd. Il comporte ses meilleurs tubes; à l’instar de Talb Ittaran, Oudad Ighlin Ar Ijarifn, Taliwine, Mkkar Tella Touga Ar Affoud,…etc. Lesquels avaient fait et font toujours un tabac auprès des jeunes mélomanes berbères. Et si vous permettez, je saisis cette occasion, pour remercier une grande famille gadirie qui m’a beaucoup aidé pour accomplir ce travail; il s’agit de la famille d’Amssrouy Hadj Abdellah Belhassan, un grand mécène qui aime l’art et aide de bon cœur les artistes. Je lui en sais gré! Sans lui, je me serais jamais engagé dans la restitution de l’œuvre de Lhaj Belaîd.

Quel regard portez-vous sur le champ musical amazigh actuellement ?

Un regard optimiste! Le champ musical amazigh connaît actuellement des rénovations et des créativités non-stop. Permettant ainsi l’apparition et les révélations de jeunes talents. Tous les moyens sont maintenant disponibles pour les artistes se lançant dans le chant et la musique. Contrairement à nous qui manquions de tout à notre époque. On n’avait que la fête du Trône pour pouvoir se produire en public et se faire connaître. Maintenant les festivals se tiennent tout au long de l’année au grand bonheur des jeunes artistes. Par ailleurs, seule la radio nationale et surtout son studio local de Tachelhit à Agadir passait nos chansons; aujourd’hui, avec la profusion des chaînes radio privées, les artistes ont de grandes chances de voir passer à l’antenne leurs œuvres auprès d’un très large public. Je vois que cela a permis l’émergence de nouvelles tendances musicales berbères. Mais aussi des relèves portant le flambeau de plusieurs courants musicaux actuels, comme par exemple Tazenzart et l’art de Rwaîs. C’est réconfortant!

Mardi 31 Août 2010
Entretien réalisé par Idriss Ouchagour

lundi 13 avril 2015





Aba-Dri nous a quitté le 23 du mois dernier de l'année 2012. Rahimaho ALLAH

L'avant-gardisme du journaliste, son audace à traiter des sujets divers, sa capacité a mettre sur le devant des scènes des gens simple,  qui luttent dans l'ombre...tel était ce grand journaliste qui rivalise avec les grands : Mr. Ouchagour Idriss.

Libé: Le Festival Tifawine de Tafraout consacre une grande part de son programme artistique à l'art d'Ahwach. Dans quelle mesure cela aidera à promouvoir ce genre artistique ?

Ohanni Brahim: Je trouve que c'est une action bénéfique  en faveur de cet art qui, par ces temps, risque de sombrer dans l'oubli collectif. Tifawine a le mérite ainsi de mettre en exergue ce patrimoine, pour mieux le conserver dans les  mémoires. L'Ahwach, dans toutes ses variétés, a toujours été conçu comme un simple spectacle de divertissement, confiné dans la sphère privée des  villages. Aujourd'hui, cet art se pratique sur les scènes des manifestations publiques. Je trouve que cela a contribué à changer  la manière de l'appréhender comme un exercice collectif de défoulement, en genre artistique à part  entière. On commence ainsi à mieux découvrir ses pratiques et les vraies valeurs artistiques qu'il recèle.

Quelles sont alors les différents types de l'Ahwach Tamanart ?

D'abord, l'Ahwach Tamanart se décline en trois composantes. Le lieu où se tient le spectacle et la participation des  femmes à côté des Imhawchens (hommes en action), sont deux paramètres qui déterminent les genres. On distingue celui dit ''Rchouk'',qui veut dire littéralement la bonne ambiance.  Il s'agit, en fait, de l'Ahwach des hommes, une dizaine au maximum,   jouant de tambourins (Tallount) et un ou plusieurs tambours (Ganga). Généralement, cela se tient dans les patios (Assarag) des maisons. Où les musiciens, en position assis, forment un cercle.  Les spectateurs masculins s'attroupent autour d'Imhawchens, alors que les femmes, elles, suivent le spectacle dans la cour centrale du bâtiment, du toit de la maison. Par ailleurs, ces spectatrices ont un rôle primordial à jouer qui consiste à soutenir et stimuler les rythmes des percussions  entrecoupés de youyous et cris stridents de joie qu'elles lancent de manière   sporadique.  L'autre genre s'appelle Tamdwrt, qui veut dire “cercle” en berbère, dans le jargon d'Ahwach. En raison des formes circulaires des Imhawchens. En effet, six hommes jouant de tambourins dont un de Ganga s'assoient en rond dans la place d'Ahwach ; au moment où les femmes, elles, également formant une  grande boucle, sont debout. Enfin, on distingue l'Ahwach N'Darste. Sa particularité c’est d’être exécuté exclusivement par les hommes. Elle comporte une trentaine de personnes, dont deux raîs, ou chefs d'orchestre. Qui  guident, aux sons des battements aigus de Tallount, la dizaine de musiciens jouant de tabourins. Ils orchestrent également la cadence des  autres danseurs qui font office en même temps de chorale. Outre des Imdiazens, poètes berbères émérites qui se lancent dans des joutes oratoires improvisées. On cite également l'autre genre, appelé «Aâwdou ». Il se distingue de Darst seulement par l'intrusion de la flûte. Darst se tient dans l'Abaraze, place officielle aménagée dans les villages pour accueillir l'Ahwach. Notre troupe exécute par ailleurs un autre Ahwach, dit Ahwach N'Issmganes (Nègres) dont les rythmes et les sonorités s'inspirent de ceux des gnawas. Je dois ajouter une précision: Rchouk et Tamdwrt restent des variétés réservées à l'animation et au divertissement des espaces privés et familiaux des villages de Tamanart. Tandis que Darst se joue à l'honneur des invités  étrangers au cours des cérémonies de mariages et des liesses populaires.

Qu’en est-il des percussions et rythmes de chacune des variétés d'Ahwach ?

C'est pertinent que de poser cette question. En effet, chaque type d'Ahwach cités, a son propre rythme musical.  C'est le fait que les tambours soient frappés avec une baguette (en bois massif) ou deux qui crée des différences. Ainsi, pour ce qui est de Rchouk, son  rythme est soutenu par des frappes avec une seule baguette au début,  avant de s'y mettre à deux pour achever les partitions finales qui mettent les musiciens en transe. Quant à Darst, elle est exécutée en manipulant deux «matraques » pour  percussion. Tamdwrt, quant à elle, son rythme est soutenu par  l'alternance, dans une cadence rapide,  de coups,  à l'aide de deux, puis d'une seule baguette; et ce,  pour freiner et subitement, accélérer la cadence et les piétinements des danseuses, comme l'impose son exécution.

Revenons un peu en arrière dans l'histoire, quand la troupe Ahwach Tamanart a-t-elle été créée ?

Nous ne pouvons pas définir exactement une date. La création de notre  troupe du village remonte à  des générations. On doit dire que c'est un patrimoine, un legs, hérité de nos aïeuls. Et, qui est , ainsi, transmis de génération en génération. Autrement dit, c'est une école communale du village où tout un chacun peut passer pour apprendre l'art de l'Ahwach et de la poésie chantée (Tandamt). Si dans certaines régions, Ahwach est encore perçu comme un domaine exclusif des initiés, chez nous, c'est une institution ouverte à tous. Un atelier de formation continue. Où les enfants dansent, chantent, jouent de Tallount, à côté de leurs parents. Sans gêne aucune. C'est ainsi que Ahwach Tamanart a donné naissance à d'excellents Indamnes (poètes) et manipulateurs de Tallount.

L'Ahwach dans la région de Tamanart, a été, à l'époque de la  colonisation, un vecteur de messages et un moyen de mobilisation des masses pour s'engager dans le mouvement de lutte pour l'indépendance?

Exact. La région de Tamanart a été inaccessible pendant longtemps aux troupes françaises qui ont réussi à envahir les autres contrées limitrophes. En raison de la forte résistance armée des habitants organisés sous la houlette du militant feu Lcaîd Outmanart. Qui, pour ne pas se rendre, a préféré se donner la mort. Donc, ce n'est qu'après sa mort que les Français ont pu pénétrer à Tamanart. Les habitants  ont difficilement accepté la défaite. Ahwach a joué un rôle mobilisateur et de sensibilisation des habitants à la nécessité de l'action armée pour recouvrer l'indépendance et la dignité. L'Abaraze était devenu à l'époque un lieu de contestation et de désobéissance au régime des envahisseurs. Il a servi, par ailleurs, de prétexte pour rassembler les masses et faire passer des messages   codés permettant la communication d’informations secrètes entre les militants. Beaucoup des Imdiazenes se sont illustrés à l'époque dans cet art. C'est dire qu'ils ont rendu de grands services au  mouvement national. 


ENTRETIEN REALISE PAR IDRISS OUCHAGOUR
Jeudi 23 Septembre 2010

mardi 13 janvier 2015

Nane willy zrineen:
Oura bahra y ssigout yan senghassent
Hane Tirra adissl'koumen Firaaoun y tassoutine
Y gh y zoug yan y fel talatine
Adour y tkhassam ighnane lit ichane
Tagat hane our t'ttef askewn
Nikki radaoun ingh ya wawal
Oura taqlay gh' tizi ighass y haowl yan
Ighass our guine lqaddan's y chawer fllass
L'barod d'r'sass ass tyewskir t'rgazt ayanati rane
 Ghad y zrin afawa sawelkh
Imma Ghass chmaite ghar issa n'qane
Yanisskern zouda ourak isskern
Tabbanka tga tin oumzil dou fellah
mach ghassad yan can y nkern illssite
Adgh ister Rabbi li bedda n'mnad
Imma tgsart kadaounin akk anigh
Achkou z'man n'ghass our idouf chour
Idanne addif'l l'hall soudoun mnaou Issane
ygass adar walli bda issoudne
Lqndil mattak y rane gh'toufaoute ouzal
mich ya watigue our idroussen ad lan gh'tillas
Tagante atagante our iguen azal
oula died t'hacha magane lmnchar
Soul tmmagh at ghoumou tg tourine
N'willi nit guiss iran lghard.
Adagh ister Rabbi ar ighakhak y wine
Adour n;gue taddssa ghi'qouma n'wiyadd

Par AbdouR'bbih  Abdellah Ouchagour
01/14/ 2015

Azul flawn!
Un peu dure a dechiffrer, mais combien riche en images
 moralisantes